Cadastre napoléonien 1833 (AD)


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le moulin de Pen ar Veur vers 1880 - Hémon-Doudet AD Quimper



Documents fournis par Stéphane Pochic de l'Association pour la reconstruction du moulin à marée de Pen ar Veur


Le grand moulin

 

A basse-mer, en contrebas, au pieds de la cale, le chenal et les vasières.

 

Au début du 17ème siècle, le seigneur du manoir de Kerazan, « messire et noble homme » René gentil, seigneur de Rosmorder, fait barrer en amont, l'anse de Penanveur créant ainsi l’Étang du Suler et contre le murget du barrage construit le moulin à marée de la métairie de Kerazan.

 

L'édifice et ses installations font référence dans toute la région. L'affermage est environ le double des moulins alentour du même type. Saisi à la révolution, il est vendu aux biens nationaux, il aura successivement, de rachats en héritage, cinq propriétaires.

 

Six meuniers et une meunière vont l'exploiter pendant deux siècles.

 

- l718 Tudy TANNlOU - 1743 Corentine BERNARD

 

- 1754 Alain SCOUARNIC - 1760 René SOULLEG

 

- 1778 Grégoire PALUT - 1826 Charles LE DREZEN

 

De 1900 à 1919 (environ), le père Tirilly est le dernier meunier du « Grand Moulin »(Ar Meil Braz).

Ses enfants sont contemporains des enfants Cariou. Ils ont été élevés et scolarisés ensemble. La vie les a séparés adolescents, adultes ils se sont revus à Paris et plus récemment... en âge et raison ... se sont retrouvés au Suler, à la retraite.

 

Tout au long du 19ème siècle, les trois générations de mes aïeux Rolland forgerons entretenaient avec les charpentiers du village les volumineux mécanismes de ce moulin.

Deux meules indépendantes "tournaient".

Par les mouvements des vannes, le meunier régulait le niveau du chenal, en aval et le flux des marées vers l’étang en amont. Du fait de ces volumes d'eau importants, réguliers et disciplinés, l'anse et les vasières de Penanveur étaient toujours à basse-mer, une grande étendue de bancs de sables et de graviers jaunes, où vivaient une multitude de coquillages, rigadeaux, praires et même quelques coquilles St Jacques.

 

Sur de grands espaces poussait le varech, végétation marine des eaux saines qui a depuis si longtemps fuit nos rivage. Sur la rive droite dans la boucle sud du chenal vers Beg-menez les vasières gagnaient sur le sable bleu, encore visible sur les bords de l'eau courante.

 

Très attentif aux mouvements du moulin et aux heures des marées propices, le grand-père descendait dans le lit du chenal et pêchait à pieds et la main, au clair de lune des carrelets soles, et anguilles qu'il enfilait prestement par les ouïes sur une longue cordelette crochetée à sa ceinture. La ficelée, parfois volumineuse, le suivait ainsi discrètement au fil de l'eau. Comme pour la pêche à pieds dans les roches, les plus belles prises étaient vendues pour améliorer l'ordinaire.

 

L'évolution industrielle a créé la prospérité des minoteries régionales et précipité la ruine des moulins anciens. Vétustes les toitures, charpentes et murs de celui de Penanveur s'effondreront dans la grève. Les marées ont tout effacé.

 

Dans notre enfance, au pignon sud du moulin, il ne restait que, la roue sans aube à jamais bloquée sur son axe. Les biefs n'avaient plus de vannes.

 

Extrait de l'historique établi par Paul ROLLAND

 

 

Remarques sur le moulin de Penanveur ou du Suler.

 

Tout d'abord, je dois indiquer que la dénomination : «Moulin de Penanveur», ne me plaît pas car, me semble t-il elle repose sur deux termes contestables. Cependant, je reconnais qu'elle est régulièrement utilisée.

1°) Si l'on s'en tient à cette appellation, on observe ce que les linguistes et autres spécialistes de la toponymie bretonne dénoncent fréquemment, à savoir beaucoup de mutations phonétiques et une intégration erratique de l'article «an» ou «ar» au milieu de noms.

En fait le nom aurait du être : Moulin de Pen ar Veur. Certains historiens nous disent qu'il viendrait plutôt de «ar Veur» = mutation de «Meur» qui ici voudrait dire Grand, Magnifique, Suprême, en référence à la pointe proche (ou à une construction éminente ancienne). En aucun cas il ne s'agirait de «ar veur» : la vache en breton.

Il en ressort que l'étude de la toponymie est très difficile, même pour un éminent spécialiste comme Bernard Tanguy*, il faudrait faire des recherches plus approfondies, par exemple sur des écrits ou des cadastres anciens.

 

2°) En consultant les divers auteurs qui ont écrit sur ce lieu, je constate qu'ils donnent tous le nom de «Moulin du Suler».

- Maurice Chassain indique : le Grand moulin ou moulin du Suler et le petit moulin étant le moulin du Dourdy.

- Jean Istin mentionne : le moulin à marée du Suler.

- Cassini dans ses cartes (1750 / 1815), nous donne Moulin du Suler.

Il apparaît une certaine logique dans ceci, car les moulins dans beaucoup de cas, dépendaient d'un château. D'autre part, la toponymie du lieu correspond bien au Suler.

Enfin, dernière petite indication, au début du texte proposé, est mentionné : «Ar meil Braz», cette fois ci, la mutation du M en V serait souhaitable, et donnerait : «Ar Veil Vraz», ce qui serait plus conforme à la bonne graphie bretonne.

Ceci n'est que mon avis et n'a pas valeur de spécialiste. Seule ma pratique courante et relativement complète du breton, ainsi que ma contribution à notre cher projet, m'autorise à faire cette communication.

 

Votre dévoué : Jean Paul Kerdranvat

* Bernard Tanguy : Les noms de lieux bretons