La rivière de Pont-l’Abbé

 

 

 

Rien n’étant jamais simple, le nom actuel de la rivière dite « de Pont-l’Abbé » recouvre en réalité d’autres appellations bien plus anciennes. En amont de la ville on la connaissait également sous le nom de « rivière d’Ascoët », comme le moulin d’Ascoët . En aval des simplifications administratives lui ôtèrent son appellation réelle attestée dans de nombreux écrits de « rivière Teier ».

 

Dom Alexis Lobineau, dans un texte de 1725, rappelle que le père Albert Le Grand citait au 17ème siècle : « La rivière Their donnant sur Enez-Tudy (Ile Tudy) ».

 

En 1756, le conseiller au parlement de Bretagne, le Sire de Robien faisait paraitre « Histoire ancienne et nouvelle de la province de Bretagne », où l’on retrouve à propos du siège de la Baronnie de Pont-l'Abbé le passage suivant : la petite ville du diocèse de Cornouaille, à quatre lieues de Quimper sur la rivière de Theyre... ».

 

Plus près de nous, J. Le Faou ancien correspondant du Télégramme, écrit : « La rivière de Pont-l’Abbé a bien un nom : « an Teir » et rappelle que « le vieux chemin pour aller au Ster-Vad, dénommé aujourd’hui chemin de Steven, était pour les riverains du début du 20ème siècle le « Pont Teir » (Pont sur le Teir). A Loctudy la population maritime utilisait de longue date l’appellation Teir, qui en breton, est la forme féminine de tri (trois), désignant peut être ici les trois directions : Anse de Pouldon, rivière proprement dite et chenal de Pen-ar-veur. Pendant que nous y sommes, rappelons par ailleurs, que la dite rivière ne traversait, avant 1789, que deux paroisses :

 

- Loctudy, dont dépendait la partie sud jusqu’au château de Pont-l’Abbé.

 

- Combrit, qui possédait la trêve de Lambour et aussi celle de l’Ile Tudy.

 

 

 

- A titre d’information, le mot Teir se retrouve, écrit cette fois Ter, dans un même type de configuration géographique à l’entrée gauche de la rade de Lorient.

 

- On pourrait rajouter que notre cours d’eau, dans les faits, ne représente réellement l’aspect d’une rivière que sur la courte distance du château de Pont-l’Abbé à la « Maison Blanche », face à Bodillio, se diluant à partir de là, dans cet énorme espace maritime englobant l’imposante Île Chevalier ainsi que trois petites îles, voire des îlots, le tout verrouillé au niveau de la pointe sud de l’Ile-Tudy par la passe de la (des) Perdrix.

 

 

 

Notes de Gustave Jourdren

 

 

Source OUESCO


La rivière de Pont-l'Abbé raconte l'histoire locale

 

 

 

Ouest France Recueilli par Corinne ARGENTINI. 08-2014

 

 

 

Elle ne se contente pas d'être belle. La ria de Pont-l'Abbé, à parcourir au départ du port, est jalonnée d'éléments liés à l'histoire.

 

On y court, on marche, on s'y repose... Les visiteurs y découvrent un univers naturel exceptionnel peuplé d'oiseaux en tous genres. Des points de vue d'une beauté rare, une lumière qui joue avec les fluides pour multiplier les reflets au gré des marées.

 

L'estuaire de la rivière de Pont-l'Abbé, qui rejoint la mer entre Loctudy et l'Île-Tudy, a joué un rôle clé dans l'histoire locale. Le long du chemin de halage, depuis le port jusqu'à Rosquerno, de nombreux éléments nous content des pages d'histoire de la capitale bigoudène. Visite avec Serge Duigou, historien.

 

Le port

 

Il existait déjà sous Anne de Bretagne (1477-1514). Jusqu'à l'arrivée du chemin de fer, alors que le réseau routier était très pauvre, le port de Pont-l'Abbé a joué un rôle vital pour l'économie bigoudène. Il accueillait des caboteurs qui apportaient du charbon du Pays-de-Galles, du bois de Scandinavie, du vin de Bordeaux, du sel de Guérande et qui repartaient chargés de céréales (notamment vers Nantes), puis, à partir du XIXe siècle, de bois de pins vers le Pays-de-Galles et de pommes de terre.

 

Le chemin de halage

 

À l'origine, il faisait plus de 2 km au départ de la cale Saint-Laurent.

 

Il a été créé à partir de 1850 pour faciliter la remontée de la rivière par vent debout. Construit par tranches, il fut achevé en 1907, au moment du déclin de la marine à voile. Sa vocation de loisirs s'est alors renforcée.

 

Lorsque les bateaux arrivaient, les haleurs (une vingtaine d'hommes) les tractaient avec une corde à l'épaule jusqu'au port. Ils n'avaient pas bonne presse... Ils attendaient les bateaux au bistrot du port ou assis au soleil à la Maison Blanche.

 

La digue de Rosquerno

 

Achevée en 1907, elle permettait d'amarrer plusieurs bateaux en attendant que les haleurs soient disponibles. Elle offre aujourd'hui un point de vue exceptionnel sur l'île aux Rats, l'Île Chevalier, Loctudy et l'Île-Tudy.

 

La Maison blanche

 

À Rosquerno, cette maisonnette en ruines a été construite au milieu du XIXe siècle, pour héberger le gardien des parcs à huîtres. À cette époque, la pauvreté sévissait et les parcs étaient souvent visités par des femmes qui volaient les huîtres pour les revendre à bas prix au marché noir. La maison a été transformée en petit café lorsque la condition sociale du peuple s'est améliorée. L'estaminet a vécu jusque dans les années trente.

 

Fleurs mystérieuses

 

Que s'est-il passé au niveau de la balise rouge la plus proche du chemin ? Dans la roche, une petite niche abrite un cœur surmonté d'une croix, gravés dans la pierre. Dans un trou, un bouquet de modestes fleurs naturelles est toujours déposé. Pour entretenir le souvenir d'un ouvrier mort pendant la construction du chemin ? Ou celui d'une fillette qui se serait noyée à cet endroit ? Qui dépose les bouquets ? Serge Duigou n'a pas encore élucidé le mystère.

 

Les épis rocheux

 

On les observe sur l'autre rive, le long de la presqu'île de Bodilio. Pourquoi ont-ils été aménagés ?

 

« Ils ont servi à décaler le chenal vers le chemin afin qu'il y ait toujours trente mètres entre le bateau et les haleurs. » Hé oui, ces épis, en retenant la vase, ont permis au chenal se creuser plus près de la rive droite.

Demeures

 

Les deux belles propriétés situées juste après le chantier naval ont été construites vers 1875-80 par deux familles de négociants de Pont-l'Abbé. L'une d'entre elles a appartenu à Louis Christ, maire de Pont-l'Abbé de 1904 à 1908.

 

« Un radical-socialiste farouchement anticlérical », sourit Serge Duigou. L'autre maison appartenait à M. Labrousse, qui a fait construire l'hippodrome de Pont-l'Abbé (1896) derrière la gare, à Plonéour. C'est là que se déroulaient les fameuses courses hippiques de la Tréminou, en septembre. L'hippodrome a été abandonné dans les années soixante. Il a disparu.

 

Pinède

 

La présence de pins n'est pas naturelle le long de la rivière. Ils ont été plantés sous Napoléon à partir de 1805, pour fournir du bois aux mines du Pays-de-Galles, par le retour des bateaux qui apportaient du charbon.